(Document préparé par le Groupe Rissois d’Histoire Locale)
Historique des jardins familiaux
C’est un prêtre du nord de la France, l’abbé Jules Auguste Lemire, qui a eu l’idée d’aménager des potagers dans les villes pour les offrir aux plus démunis et défendre les valeurs familiales.
Elu député en 1893, ce représentant du catholicisme social fonde la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer en 1896. Le but était de mettre un coin de terre à la disposition des ouvriers pour y cultiver les légumes nécessaires à la consommation de leur foyer. Sous la devise « terre-famille-travail » l’ouvrier devient un jardinier qui produit lui-même ses légumes pendant son temps libre. L’idée séduit les pouvoirs publics, les municipalités, les industriels, les œuvres de charité.
En 1907, la Ligue est présente dans 63 départements et elle est reconnue d’utilité publique deux ans plus tard. En 1921, la Ligue du Coin de Terre fonde la Fédération nationale des jardins ouvriers de France. Le terme « jardins ouvriers » sera remplacé par celui de « jardins familiaux » qui seront bientôt condamnés par l’urbanisation.
Les jardins familiaux et leurs cabanes disparaîtront des paysages urbains dans les années 70.
L’engouement pour les jardins redémarrera dans les années 90 avec la création de nombreux jardins dans les villes de banlieue.
Une allée des jardins de Ris-Orangis porte le nom de Jules-Auguste Lemire.
Les jardins familiaux de Ris-Orangis
A Ris-Orangis, les jardins familiaux de l’Orme Pomponne sont nés sur une idée de Gil Melin relayée par Pierre Labrunie alors premier adjoint au maire. Portée par la vague du renouveau et l’attrait des Français pour le jardinage, cet engagement individuel fut renforcé par les volontés municipales et par l’expérience du syndicat intercommunal de la vallée de l’Orge aval.
Les compétences de Monsieur Jean Louis Bernard puis celles de Michel Valois en matière de travaux paysagers et de sociologie furent déterminantes dans la conception architecturale des jardins. Nous ne voulions pas d’un alignement monotone des parcelles mais d’une disposition permettant la rencontre, le dialogue, l’échange et le partage. Le principe de construire l’espace autour d’un puit dissimulé par des cabanes a imposé une forme de jardins triangulaires, structurant ainsi des îlots carrés desservis par une allée principale en ligne légèrement brisée aménageant ainsi une perspective agréable.
Il fallait trouver un site adéquat pour accueillir ce projet. Le Pré aux vaches, les Soixante Arpents, le long de « l’Ecoute s’il pleut » furent un moment pressentis, mais ce sont les terrains du Chemin de Montlhéry, à proximité du forage géothermique, qui furent retenus. Le montage du dossier s’intégrant dans le cadre du contrat de ville permit de mener rapidement le projet à bien.
Une information des habitants au cours de réunions publiques aboutit en novembre 1997 à la constitution d’une association qui désigna son conseil d’administration et adopta un premier règlement intérieur. Durant l’hiver, une visite de chantier permit de modifier le périmètre du projet en y incluant un triangle de terre longeant le Chemin de Montlhéry.
Le maire, Monsieur Mandon, fit modifier le tracé et les membres du bureau s’engagèrent à nettoyer et à rendre cet espace convivial. L’inauguration et la livraison de 85 parcelles eurent lieu en février 1998 ; à cette occasion un orme fut symboliquement planté.
Rapidement les jardiniers prirent possession des îlots qui leurs avaient été attribués en fonction de leur ordre d’inscription. Chacun à sa façon cultiva son lopin avec ferveur, malgré le mauvais temps. Lorsque le ministre de la ville, Claude Bartholone et toute une délégation vinrent se rendre compte de l’avancement du projet ils purent apprécier la qualité du travail accompli.
La liste d’attente restait malgré tout bien longue pour avoir son lopin. Il fut donc rapidement décidé de lancer une deuxième tranche. Elle fut mise à la disposition des demandeurs en 2001, doublait le nombre des jardins et proposait quelques parcelles plus grandes. Elle incluait la Remise de la Mare à Pilâtre. Elle permettait la réalisation d’un verger, d’un terrain de boules et offrait une nouvelle structure en dur pour abriter un atelier et une cuisine.
Avec une parcelle réservée aux enfants du centre de loisirs maternel du Moulin à Vent et 165 parcelles de 75 à 250 m², les jardins familiaux de l’Orme Pomponne offraient plus de 3 hectares d’espaces verts ouverts à tous le samedi et le dimanche.
Leur concept servit de référence et l’on vint de toute la région pour s’en inspirer. Certes tout ne fut pas parfait. Il restait beaucoup à faire pour que le projet s’inscrive durablement dans une démarche de satisfaction de chacun et de respect de l’environnement.
Une serre vit le jour après qu’une convention fut signée entre Essonne Habitat, la Municipalité et l’Association permettant son chauffage grâce aux installations géothermiques. Elle permettait la production de plants à moindre coût et la conservation des plantes fragiles pour les amateurs d’exotisme.
Extension des jardins familiaux de l’Orme Pomponne
Pour répondre aux demandes toujours plus nombreuses, la municipalité décida dès 2009 d’engager une troisième tranche pour accueillir environ 88 familles supplémentaires dans les jardins familiaux de Ris-Orangis.
Les travaux démarrèrent en juin 2013. Les premières installations des jardiniers eurent lieu en août 2014 avant l’achèvement définitif des travaux fin décembre 2014.
Au travers de ce nouvel aménagement, les objectifs du projet furent atteints en matière de rejet des eaux pluviales, en matière de limitation de la consommation de ressources naturelles, enfin en matière d’arrosage réalisé grâce à un système de récupération et stockage des eaux pluviales.
Au final, 88 nouvelles parcelles furent créées réparties sur 3 ha. Toutes sont aujourd’hui occupées. Le site des jardins intègre également des espaces communs, une place centrale, un local associatif, un rucher, une butte paysagère.
La composition du site allie continuité écologique, cœur de biodiversité, espace récréatif et parcelles cultivées. Cet aménagement est la démonstration que biodiversité et activités humaines sont compatibles.
Inauguration de la troisième tranche
Le 19 mars 2016 furent inaugurées ces 88 nouvelles parcelles livrées l’année précédente. La matinée débuta par une allocution de Stéphane Raffalli maire de Ris-Orangis suivie de celle de Gil Melin président de l’Association. Ils découvrirent ensuite une plaque inaugurale sur laquelle figuraient les logos du Conseil départemental de l’Essonne et celui de l’Agence pour les Espaces Verts d’Ile-de-France, qui avaient participé financièrement à la création de ces nouvelles parcelles.
Lors de cette inauguration les quatre chemins principaux des jardins furent baptisés :
Allées Jules Auguste Lemire, Jean-Marie Pelt, Etienne Soulange-Bodin, et Claude Geoffroy qui chacun à leur manière et par leur engagement nous ont démontré :
« que cultiver en ville c’est possible »